Les Chiroptères

Mais qu’est-ce que c’est ?’ se demanderont nombre d’entre vous en lisant le titre ci-dessus. Les chiroptères sont des mammifères volants plus couramment appelés chauve-souris. Ce nom barbare vient du grec ‘chiros’, la main, et ‘ptera’, l’aile...

Ces charmants mammifères sont présents dans le monde entier de l’équateur au cercle polaire arctique. Deux groupes de chiroptères existent, séparés par leurs mœurs alimentaires : les insectivores et les frugivores, ces dernières se délectant également parfois du nectar des fleurs. Par ailleurs, il existe quelques espèces se nourrissant de sang, les vampires. Ces derniers n’ont besoin que de quelques millilitres de sang par nuit pour survivre et ne se nourrissent que très exceptionnellement sur les humains, et ne méritent pas leur mauvaise réputation.

En Europe il existe à leur actuelle 36 espèces de chiroptères, mais ce nombre peut augmenter à tout moment, 4 nouvelles espèces ayant été décrites les dernières années. Parmi ces 36 espèces la France en accueille 33, et en 2000 27 étaient supposées se reproduire sur le territoire national.

Toutes les espèces européennes se nourrissent d’insectes qu’elles capturent en vol, soit en l’air, soit sur les feuilles d’arbres, soit à terre. Certaines sont spécialisées sur des insectes particuliers, d’autres mangent tout ce qu’elles trouvent à portée de leur bouche. Cette dernière est particulièrement bien équipée pour venir à bout des carapaces protégeant les proies et est armée de dents aigues capables de venir à bout des plus solides insectes.

Pour chasser et se repérer dans l’espace les chiroptères utilisent des émissions ultrasonores, un peu comme le font les dauphins. Les ultrasons sont émis soit à partir de la bouche soit à partir du nez et les informations sont reçues au niveau de l’oreille. Les chauves souris ‘voient’ donc avec leurs oreilles !! La complexité de ce système d’ultrasons est telle que les scientifiques essayent encore de comprendre comment il fonctionne.

Pour vivre les chiroptères ont besoin différents types de gîtes : des gîtes d’hibernation, des gîtes de mise-bas et des gîtes de repos durant l’été. Chaque espèce a ses propres préférences en matière de gîte, certaines préférant les maisons, d’autres les caves et grottes, d’autres encore les écorces et fissures dans les arbres. Le point commun à tous ces gîtes étant le calme : les chauves-souris ont horreur du bruit et de l’agitation !! Par ailleurs la plupart des espèces n’utilisent pas les mêmes types de gîtes en hiver et en été ou pour la mise-bas. Du fait de ce besoin de sites aux caractéristiques différentes et des besoins alimentaires spécifiques, les chiroptères sont de bons indicateurs de la bonne santé des milieux dans lesquels ils vivent : si un changement majeur intervient il affectera presque automatiquement nos petites sœurs ailées qui soit mourront soit devront aller voir ailleurs pour survivre. En utilisant ce critère, force est de constater que depuis une trentaine d’années les milieux se sont fortement dégradés partout dans le monde et en particulier en Europe : la très grande majorité des espèces de chiroptères ont fortement décliné sur le continent, plusieurs espèces disparaissant complètement du nord de l’Europe.

Les causes de ce déclin sont connues : la disparition des paysages bocagers et des insectes et l’utilisation d’engrais et de pesticides dues à l’intensification de l’agriculture ; la destruction des gîtes (fermetures des mines abandonnées, destruction ou restauration des vieilles granges dans les campagnes, abattage des vieux arbres creux...), le dérangement (rave parties dans les grottes par exemple, spéléologie de masse, visites de grenier et clochers...). La conséquence de ceci ?: toutes les espèces européennes sont maintenant protégées aux niveaux nationaux et européens. Au niveau mondial la situation n’est guère réjouissante non plus, la destruction des habitats causant le déclin de presque toutes les espèces.

Connaissant l’utilité des chiroptères pour les écosystèmes (régulation des populations d’insectes, pollinisation de nombreuses plantes, reforestation (par la consommation de fruits dont les graines sont ensuite à même de germer) etc.), ce déclin est particulièrement déplorable, et ce d’autant plus qu’il est dû aux activités humaines. Comme pour de nombreuses autres créatures, le manque de douceur des hommes et leur manque de respect pour toute chose créée conduit à la destruction de ces merveilleuses petites soeurs que le Seigneur nous a confiées.

Alors la prochaine fois que vous trouvez des chauves-souris derrière vos volets ou dans un arbre, contactez vite un groupe chiroptère régional qui vous conseillera sur les mesures à prendre pour protéger et profiter pleinement de ces voisines. Par ailleurs, n’hésitez pas à installer des gîtes à chauves-souris sur votre maison ou dans votre jardin !

Enfin, pour finir, comme pour la plupart des animaux, de nombreuses croyances concernant les chiroptères sont totalement farfelues et infondées. Ainsi, je peux vous affirmer que les chauves-souris ne s’accrochent pas aux cheveux des femmes quand elles en voient ! et pourtant cette croyance a la vie dure...

Pour en savoir plus :

Arthur, L. et Lemaire, M., 1999. Les Chauves-souris maîtresse de la nuit : description, mœurs, observation, protection... Delachaux et Niestlé, Lausanne-Paris : 265pp
Roué, S.G., 1999. Plan de restauration des Chiroptères 1999-2003. Edition du Ministère de l’Aménagement du territoire et de l’environnement, Paris. 78pp
Schober, W. et Grimmberger, E., 1991. Guide des chauves-souris d’Europe : biologie, identification, protection. Delachaux et Niestlé, Neuchâtel-Paris : 225pp

Groupe Chiroptère de Provence :
http://gcprovence.chez.tiscali.fr/cpa.htm
11, rue des muraires 84400 Apt
Tel. : 04.90.04.76.79