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Un tiers des ressources naturelles ont été détruite depuis la Conférence de Stockholm de 1972 sur le développement humain ; l'empreinte écologique globale de l'humanité a presque doublée au cours des 35 dernières années, et dépasse de 20 % les capacités biologiques de la Terre. Or selon l'avis des grandes organisations de protection de l'environnement, la conférence mondiale de la Terre tenue à Johannesburg (Afrique du Sud) du 26 août au 4 septembre dernier fut un échec : "[elle n'a pas confirmé] la primauté des besoins des pauvres et de l'environnement sur les questions de libre-échange" (Claude Martin, directeur générale du W.W.F. international).

"Environnement" : ce terme devrait être aboli. Il exprime l'incompréhension par l'Homme de la conscience profonde qu'il a de sa particularité devant toutes les autres créatures du Ciel et de la Terre. Mais cette incompréhension justifie t- elle qu'il tente de toutes ses forces de nier l'histoire commune, matérielle et spirituelle, qui le lie à ces compagnons de fortune ?

On sait que 95 % du patrimoine génétique est commun à tous les Hommes ; les atomes qui nous constituent sont identiques pour l'ensemble des êtres organiques en des proportions différentes et notre corps participe aux cycles des éléments après notre mort. Je ne parle pas ici de notre corps transfiguré (Saint Paul).

Dieu même s'est incarné : comment pourrions nous alors nier ou dévaloriser la matière dont nous sommes composés ?! Tatiana Goritcheva remarque que l'objectivation des choses qui l'entourent par l'Homme le conduit à vivre dans un monde illusoire réduit à des concepts intellectuels, un monde désincarné "Je pense donc je n'existe pas" propose cette philosophe en lieu et place de la célèbre formule de Descarte. La domination de la matière par la technologie, sans limite semblait-il, à longtemps entretenu cette illusion car seule l'opposition nous rend le monde présent.

Nous sommes le monde. François d'Assise a eu la grâce d'être pénétré du sens de l'unité cosmique de la Création. L'Homme dans sa plénitude se rapproche du Christ qui lui même intègre en son corps l'ensemble de l'existant visible et invisible. François dont l'exemple à tant touché a demandé à mourir nu sur la terre. Comment l'amour des choses et des êtres vivants pourrait-il nous éloigner de l'amour pour l'Homme ? Seulement lorsque nous confondons l'Amour christique du don, universel, avec nos propres sentiments !

L'unité de l'étant ne cesse d'être confirmé par la science aussi, bien que les spécialistes des différentes disciplines ne se rencontres que trop rarement. L'influence de la gravitation sur le monde est significative à ce sujet : ont pourrait dire "il fait subir sa gravitation aux bons comme aux méchants" (Mathieu, 6-43, 47) ou "rien n'échappe à sa gravitation" (psaume 18 (19), versets 7) !

Damien Gangloff