Programme Christ et Création

Ce n'est plus un secret : la "Crise environnementale" est un problème global. Alors que j'écris ces lignes hectares après hectares, la forêt humide est rasée à travers le monde, des millions de tonnes de poissons et autres ressources marines sont entrain d'être récoltées de manière insoutenable, des millions et des millions de barils de brut sont extraits, des millions de tonnes de minerais tels que l'uranium, l'or, le cuivre, le nickel et le cobalt sont extraits et leurs déchets toxiques rejetés dans les océans et cela continue indéfiniment.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG) n'est pas exempte de cette situation : ce dont souffre la Terre, la PNG en souffre aussi et quoi que fasse la PNG, cela contribuera ou à empirer la situation ou au contraire à illuminer le futur de la communauté globale des êtres vivants. Nous y sommes tous, le nord et le sud, les pays développés et les pays en voie de développement, le riche et le pauvre, quelques soient nos couleurs et nos races, nos affiliations religieuses ou nos idéologies - peu importent les clivages que nous faisons au sein de notre monde et des peuples : nous sommes tous impliqués d'une manière ou d'une autre dans la même monde. Les U.S.A. et les afghans, les allemands et les juifs, comme les britanniques et les irlandais... Amis et ennemis, tous se trouveront confrontés à la même situation globale - et quelque soit la manière dont le futur se présentera, nous tous ( les humains vivants aujourd'hui) auront eu notre part de responsabilité dans sa réalisation.

Les forêt humides (particulièrement les forêts tropicales) sont considérées comme les poumons de la planète parce qu'elles sont le lieu ou l'oxygène de la Terre est fabriqué. La Nouvelle Guinée (incluant la Papouasie Nouvelle Guinée et la Papouasie de l'ouest) abrite la troisième étendue restante de forêt humide tropicale la plus étendue au monde, après l'Amazonie brésilienne et le bassin du Congo. Or l'approvisionnement en oxygène pour la Terre entière est étroitement dépendant du sort des forêts humides tropicales. Mais que se passe t-il pour les forêt humides d'Amazonie, du bassin du Congo et de Nouvelle-Guinée ? Un légiste de l'environnement en Nouvelle Guinée : "Chaque 60 secondes, 30 acres de forêt humide sont détruits dans le but d'élever des bœufs pour les fast-foods qui les vendent aux gens, ce qui leur donne des attaques cardiaques ; les coûts médicaux augmentent ainsi que les taux d'assurances maladie, cela apporte plus d'argent aux compagnies d'assurance et leur permet d' investir dans des filiales du tiers-monde de façon à détruire encore plus de forêt".

Cette citation ne dit pas combien de forêt supplémentaire tombe chaque 60 seconde pour la production de bois de construction ou de fuel. Il n'est pas question non plus de la surface de forêt rasée à travers le monde chaque 60 seconde par les peuples indigènes pour leur propre subsistance. Une question mérite d'être posée ici : pourquoi la Papouasie-Nouvelle-Guinée détient-elle un rôle si important dans le monde pour tout ce qui touche aux forêts humides ? Il y a deux raisons : - premièrement parce qu'elle a la possibilité de jouer un rôle de modèle dans la gestion et la conservation responsables de ses forêts. Grâce notamment au fait que la PNG est un des trois pays sur la Terre où la terre (de même que les ressources maritimes et forestières) est encore au mains des indigènes - les îles Salomon et Vanuatu étant les deux autres pays .

Indigènes détenant les droits de propriété sur leur terre, les papous de Nouvelle-Guinée ont ce choix de dire "NON" au développement qui signifie la destruction des forêts humides : dans la plupart des autres pays, les peuples indigènes n'ont plus ce droit, privés de leur propre pays par le colonialisme et les entreprises multinationales.

Les débuts du programme Christ et Création

Selon sa constitution, la Papouasie Nouvelle Guinée est une nation construite sur deux piliers : son legs (culturel) mélanésien et son héritage chrétien. Les chiffres du dernier recensement en juillet 2000, témoignent que le pays est majoritairement chrétien - 96 % de la population totale d'environ 5 millions d'habitants. Les différentes Eglises chrétiennes (en particulier les principales : Anglicane, Luthérienne, l'Eglise Unie et l'Eglise Catholique) se sont établies elles-mêmes en Papouasie-Nouvelle-Guinée depuis la colonisation. Elles ont joué un rôle important dans le développement de ce pays, apportant leur contribution dans les domaines de l'éducation, des soins de santé, des transports, de la communication, de l'économie, aussi bien que dans les infrastructures.

Ce qui est maintenant connu sous le nom de Bismarck Ramu Group est né en 1996 avec deux objectifs clés :

1) promouvoir l'auto-suffisance des peuples avec lesquels il travaille

2) promouvoir une utilisation et la conservation sages de l'environnement et des ressources naturelles (y compris de la biodiversité). Dans le but d'atteindre ces objectifs, le BRG suit 3 stratégies depuis sa création : la stratégie de la communauté, celle de l'éducation, et celle de l'Eglise. Dans la stratégie communautaire (la principale), les membres du BRG sont directement au contact des communautés indigènes et y mettent en uvre un processus de développement communautaire. L'éducation et l'Eglise sont eux des supports de la stratégie principale : ce sont des institutions existantes ou préexistantes avec lesquelles le BRG doit travailler et qu'il doit utiliser pour atteindre ses buts.

 

Le cadre planté, je vais maintenant centrer mon propos sur la stratégie d'Eglise du BRG puisque c'est là qu'ont été semées les premières graines du programme "Christ et Création".

Je suis attaché depuis 1996 au BRG comme responsable de la communication avec les Eglises. Mon travail consiste essentiellement à communiquer et travailler avec celles qui sont présentes dans la zone d'action du Bismark Ramu Group et d'y promouvoir l’autosuffisance et la conservation de la nature. Le plus grand problème pour moi a été que mon travail avec les Eglises peut aller au-delà des objectifs du BRG limités à la province de Madang, voire les supplanter. Mai comme il l'a toujours fait le BRG me soutient aussi pour étendre mon activité au delà de cette province. J'ai toujours eu l'impression que les Eglises (qui ont indiscutablement une grande influence sur tout le pays) sont des géants endormis qui doivent être réveillés pour accomplir un tache à laquelle elles sont appelées : "parler pour ceux qui ne peuvent pas parler" (proverbes 31 8).

Réalisations

De 1996 à 1998, les Eglises membres du BRG ont réalisé qu'il était urgent de réveiller le géant endormi (les Eglises chrétiennes) afin qu'il joue un rôle de défense de l'environnement et un rôle prophétique en PNG où la magnifique Création de Dieu était déjà entrain d'être saccagée dans tous les sens, juste pour servir les intérêts égoïstes de quelques personnes assoiffées d'argent. Une manière de réveiller le géant était de faire une croisade pour l'environnement à travers le pays. Et pour cela nous avions besoin des services d'un prêcheur passionné. Nous l'avons recherché en vain dans le pays puis nous sommes tournés vers nos amis en dehors de la Papouasie-Nouvelle-Guinée : c'est par un ancien membre de Greenpeace que nous avons été mis en contact avec Peter Illyn, un pasteur évangéliste environnementaliste des Etats Unis .

De mai à juin 1999, nous avons engagé le P. Illyn pour une première croisade en PNG, occasion qui a suscité le programme "Christ et Création". Nous avons amené P. Illyn à travers 6 villes de PNG où il parla à des centaines de personnes dans chacune d'entre elles. L'année dernière en 2001, des activités prolongeant cette action ont été menées. Cette fois (2002), notre but était de toucher les établissements de formation des différentes Eglises. Nous avons revisité les amis contactés l'année précédente dans ces séminaires et avons touché quelques autres institutions religieuses. Nous avons également rencontré un grand nombre de responsables des principales Eglises du pays.

L'objectif principal du programme "Christ et Création" est de transformer des chrétiens en environnementalistes et non de rendre des gens chrétiens. Nous voulons toucher suffisamment les chrétiens et leurs dirigeants pour qu'ils commencent à parler de ces questions qui constituent réellement un problème national et international, à planifier et à mettre en œuvre des actions y répondant : dans leurs famille, clans, villages et communautés, aussi bien que dans leurs Eglises, au niveau local et national.

Le futur du programme "Christ et Création".

Le programme "Christ et Création" relancé en 1999 a très bien évolué. De plus en plus de personnes, en particuliers des autorités ecclésiales s'y sont intéressées et désirent y participer. Toutes parce qu'elles admettent que la PNG étant un pays chrétien, les programmes importants doivent être conduits et planifiés en lien avec les Eglises et institutions religieuses.

Bien que pour le futur nous n'ayons pas de supports financiers assurés, nous avons de grands espoirs de continuer le programme l'année prochaine et dans le futur proche. Tant de personnes et institutions expriment leur désir de faire partie de ce mouvement pour faire face au problème national majeure de "crise environnementale", que nous ne pouvons simplement pas laisser ce programme tomber faute de moyens financiers. [Ils sont nécessaire mais] le P. Ilyn du "Restauring Eden" (USA) et moi même du BRG, ne laisserons pas des causes économiques, nous mettre à terre. En fait, nous sommes sur le point de mettre sur pied le réseau chrétien international environnementaliste des indigènes (Indigeneous Christian Environnemental Network - ICEN) : un forum qui permettra aux chrétiens indigènes écologistes de partager leurs expériences de succès et d'échecs, dans leurs efforts pour protéger la Création de Dieu, en Grand Danger.

Yat Paol, Bismark Ramu Group, Papouasie-Nouvelle-Guinée