editorial 2

Du 20 au 24 mai 2002 s'est tenue la réunion annuelle de la conférence baleinière internationale (C.B.I.) à Shimonoseki : comme à l'accoutumée, forte a été la pression du Japon dans le sens d'un développement de la chasse des cétacés, y compris de certaines espèces rares. Ce pays, tout comme la Norvège, défend des traditions basées sur les racines prédatrices de l'Homme et relevant d'un état de nécessité aujourd'hui dépassé.

Les nippons se dissimulent désormais derrière l'argument de la pêche scientifique : prétexte fallacieux mais toujours efficace. La science bien que son aura diminue lentement reste une référence occidentale. Référence malheureusement ancrée dans une conception cartésienne, hégémonique de la connaissance : L'Homme, sujet connaissant, s'oppose au monde - objet passif de son savoir - décomposé et analysé, en vu d'être mieux contrôlé par lui.

Hans Urs Von Balthasar revendique un approche radicalement différente en soutenant que la connaissance procède de l'amour et exige une double relation d'ouverture à l'autre de la part du sujet connaissant comme de celle de l'objet s'ouvrant à l'intelligence d'autrui.

La connaissance devrait servir le Bien, c'est à dire permettre de porter les êtres vers leur accomplissement tel qu'il est conçu par Dieu .

Ma conscience me souffle que la plénitude existentielle de la baleine comme celle de la vache en tant que créatures n'est pas de finir coupée en tranches.

Loi de la nature ? Ces "lois" sont en fait dynamiques et sujettes au changements et variations... Elles englobent par ailleurs toute une gamme de coopérations plus ou moins élaborées entre des créatures des trois règnes, animal, végétal et minéral autant que les chaînes trophiques (alimentaires).

A l'Homme de choisir son champ d'action : la prédation ou l'association, la violence ou la douceur...

Des chrétiens redécouvrent aujourd'hui que le corps du christ résume en lui tout le fruit de la Parole créatrice : l'ensemble du cosmos visible et l'invisible. Ainsi en Papouasie Nouvelle Guinée, le Bismark Ramu Group se bat-il en faveur d'un respect de l'immense bio-diversité de ce pays au nom de la dignité de la Création ( car déjà sauvée par la résurrection !).

Si occupé à s'observer lui même, l'Homme peine à relativiser les événements dans une vue d'ensemble - il réitère éternellement les mêmes erreurs (guerres). En le replaçant dans son cadre naturel - le cosmos - l'écologie devrait l'aider à prendre du recul pour se considérer d'abord comme membre d'une immense communauté d'êtres solidaires.
Mais faudra t-il attendre que la survie de l'humanité soit directement menacée avant que les Hommes n'aiment le monde ?

Damien Gangloff